19ème séance, samedi 06 avril : situations ouvertes d'opposition

Aujourd’hui, nous faisons une séance totalement axée sur l’assaut ou plutôt sur des matchs dits « d’opposition ouverte » avec une contrainte d’espace : ils n’auront pas la possibilité de dépasser avec le pied arrière une ligne tracée au sol.

Ceux-ci vont nous servir à revoir la logique du combat au fleuret avant notre séance à l’électrique sur l’arbitrage. Nous partirons d’une situation où les deux adversaires n’ont droit qu’à l’utilisation du coup droit, puis nous autoriserons les parades pour enfin terminer avec l’introduction de l’attaque composée. Les élèves ont déjà vu chacune de ces situations mais c’est la première fois qu’ils vont les faire successivement lors d’une seule séance.

Fondamentaux

Je fais une progression classique. Après les petits jeux avec les couleurs des séances dernières, je reviens à des choses qui ont déjà été faites. Pour les fondamentaux, s’il faut essayer de varier à chaque séance les situations afin d’éviter une certaine forme de lassitude, le fait de revenir de temps en temps à quelque chose qui a été fait il y a un mois n’est pas un souci. Donc, certaines séances peuvent être récurrentes, comme celle d’aujourd’hui, car c’est en répétant plusieurs fois certaines situations que les élèves progressent. Voici le détail, elle a déjà été faite il y a quelques semaines :

  1. Marche sur place : 1er signal → lever uniquement la plante du pied avant – 2ème signal → lever le pied arrière le reposer simultanément avec la plante du pied avant.
  2. Demie-marche – marche : 1er signal →avancer sans exagération le pied avant et ne poser que le talon au sol – 2ème signal → ramener le pied arrière et poser simultanément les deux appuis.
  3. Marche : au signal → faire une marche complète avec reprise simultanée des appuis.
  4. Attaque : au signal →attaque, en insistant sur le bras qui s’allonge en premier et le retour en garde qui doit s’effectuer en cassant la jambe arrière.
  5. Même chose mais je rajoute un appel du pied arrière déclenchant l’allongement du bras.
  6. Marche + fente : au signal → faire une marche et une fente.

Matchs d’opposition ouverte

La contrainte d’espace permet aux adversaires de conserver une distance qui est à peu près celle d’attaque. Elle contraint les adversaires à produire des actions offensives en se fendant : le pied arrière devant être obligatoirement derrière la ligne, cela les oblige à effectuer des développements. Ainsi, la distance étant « fixée », on évite les mauvaises appréciations de la mesure, que l’on voit souvent chez les débutants lorsqu’ils sont sur une piste classique, comme préparer une attaque avec des marches trop nombreuses ou trop grandes. Le fait de figer la distance va avoir pour conséquence de favoriser l’exécution d’actions d’escrime correctement exécutées comme le coup droit, la parade riposte, l’attaque composée. Effectivement, le nombre d’actions se trouve limitées, voire imposées et cela permet aussi d’éviter le « rentre-dedans », c’est-à-dire une succession de reprises en se fendant, souvent mal effectuées.

Situation 1 : tout contact de fer est interdit.

« Pour notre premier assaut, il ne faudra pas qu’il y ait un seul contact de fer….quelle sera donc l’attaque que vous allez effectuer principalement ? » « Le coup droit » « oui, il n’y aura pas de parade, donc il n’y aura pas d’attaque composées…. Mais comment allez-vous vous défendre si on vous attaque ? » « En reculant…. » « exact, il faudra jouer sur la distance ». Cette situation d’opposition ouverte, sans le fer, sert aussi à mettre en évidence le caractère non prioritaire de la contre-attaque (arrêt). Elle permet de marquer un point uniquement si elle touche toute seule…

Je les laisse donc tirer et en cas de coup double, je demande lequel des deux a raison. J’interromps ensuite l’assaut pour leur poser la question suivante : « quel est le bon moment pour attaquer son adversaire ? ». Plusieurs réponses sont données mais celle que j’attendais vient d’un élève que j’avais remarqué pour la tactique qu’il utilisait : « quand l’autre revient en garde ». « Oui, car il est en déséquilibre ». L’utilisation de stratégies chez les débutants de cet âge n’est pas forcément courante mais tout de même, certains sont toujours plus malins que d’autres. De plus, les assauts d’opposition ouverte favorisent l’émergence de tactiques car le choix des actions se trouve beaucoup plus limité. Dans cette situation, par exemple, le fait de rendre impossible le redoublement d’attaque oblige l’attaquant à revenir en garde en cas d’échec de son offensive, ce qui peut donner des idées à son adversaire. On en vient donc au fait que l’on peut avoir l’intention de laisser attaquer l’autre. Mais je dis qu’il y a mieux : lui donner envie d’attaquer. On évoque rapidement quelques attitudes qui peuvent amener l’adversaire à déclencher une offensive : se découvrir volontairement ou bien avancer avec de petites marches afin de se rapprocher de manière à ce qu’il sente qu’il est à distance. Je précise que c’est un peu risqué, si on évalue mal sa distance et que l’on se rapproche trop, il est possible de se faire toucher.

Je leur demande de reprendre l’assaut avec les mêmes contraintes et en ayant à l’idée qu’il est mieux de provoquer l’attaque de son adversaire car de cette manière, on peut mieux préparer sa défense. Je ne m’attends pas à un réinvestissement immédiat, le thème d’aujourd’hui n’est pas la tactique mais il est bien d’en parler.

Situation 2 : seul le contact de fer pour se défendre est autorisé mais l’attaque composée ne l’est pas

On ajoute un élément : la possibilité d’utiliser le fer pour se défendre. On replace la parade dans la logique de la convention : elle enlève la priorité à l’attaquant à condition que le défenseur riposte immédiatement. Pour nos débutants, elle va remplacer la retraite. C’est un moyen de ne pas avoir à reculer, d’aller toucher l’adversaire rapidement tout en gardant la distance. Là encore, donner à l’autre l’envie d’attaquer peut être une bonne chose plutôt que de l’attendre. Les élèves peuvent commencer à comprendre qu’il est avantageux de l’amener à faire ce que l’on aimerait qu’il fasse. J’insiste sur les règles de la convention : en cas de touche double, c’est le dernier qui a paré qui a priorité. Je dis aussi qu’il est inutile de parer largement, la convention permet de se faire toucher et pourtant d’avoir le point. Je leur rappelle que l’attaque composée est interdite. Il faut porter ses offensives par coup droit ou éventuellement dégagement. Cela veut dire qu’il va falloir aller vite au bon moment et bien allonger le bras d’abord afin de surprendre l’adversaire…puisqu’on ne peut pas le piéger !

Situation 3 : seul le contact de fer pour se défendre est autorisé, l’attaque composée est autorisée.

C’est la dernière situation, ils ont maintenant le droit de piéger l’adversaire. On essaye de se rappeler les quelques critères qui font qu’une attaque composée est réussie : allonger le bras d’abord, une seule feinte suffit. Lorsqu’on commence à en faire deux ou trois, on complique. En ce qui concerne la convention, j’insiste sur le fait que la feinte ne doit pas être parée sinon l’attaquant perd sa priorité.

Voir les vidéos prises pendant les différentes situations.

Rédigé par Première année d'escrime

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :