07ème séance, samedi 17 novembre : incertitude en situation de coopération (1)

7ème séance

Je me fixe deux séances pour atteindre l'objectif suivant : mettre en place une situation de coopération avec deux incertitudes. A distance de marche et fente, Jean marche et Pierre rompt dès que son camarade avance. Lorsque Pierre décidera de ne pas reculer, Jean se trouvera à distance de fente, il pourra alors attaquer. Cependant, Pierre pourra se fendre à tout moment sur la marche de Jean, qui devra alors faire une parade riposte.

Donc, Jean ne sait pas quand il devra attaquer, c'est sa perception de la distance qui le lui dira et il doit s'attendre à tout moment à réagir à une offensive adverse. En fait, Jean va devoir sacrément traiter l'information.

Voila comment je vais planifier :

Séance du 17.11

a) Garder la distance de marche et fente et toucher par coup droit lorsqu'on est à distance de fente (incertitude sur la mesure) ;

b) Parer une attaque faite sur sa marche et riposter, sans incertitude.

Séance du 24.11

c) Parer et riposter une attaque faite sur sa marche, avec incertitude (le défenseur ne sait pas quand l'attaquant va passer à l'offensive)

d) Incertitude sur la distance et incertitude sur le moment de l'attaque adverse.

C'est une situation qui est tout de même complexe, mais elle est l'aboutissement logique du travail sur l'attaque simple et la parade riposte que nous avons fait depuis le début de la saison. L'objectif est de remettre ces deux éléments dans un exercice où l'incertitude joue un rôle dominant. Effectivement, le traitement de l'information est une notion fondamentale de la pratique de l'escrime. Je pense qu'il doit être travaillé le plus tôt possible, au même titre que les postures et les gestes techniques. D'autre part, cette situation va demander aux élèves une grande maîtrise de leurs gestes et beaucoup d'attention, quitte à ce qu'il y ait une certaine lenteur. Elle a un aspect éducatif qui n'est pas inintéressant car l'enfant est dans l'obligation de se canaliser. Mais attention, le niveau d'exigence entre un poussin 1 et un pupille 2 ne sera pas forcément le même.

Nous avions commencé à aborder la partie "a)" avant les vacances. Elle était à approfondir, de plus que nous n'avions pas fait un travail préliminaire au niveau des fondamentaux. Effectivement, pour réussir, il faut être capable de conserver la distance en effectuant des marches de longueurs égales.

Fondamentaux

Pas d'échauffement aujourd'hui, pour une question de temps. On a un gros travail à faire sur les déplacements. Afin qu'ils soient équidistants, ils doivent être petits. Le contraire de ce que font les débutants habituellement, c'est-à-dire des "pas de géant". Le but à atteindre pour cette séance de fondamentaux sera que les élèves arrivent à faire des marches avec une reprise simultanée des appuis, c'est-à-dire que la plante du pied avant et le pied arrière se posent au sol au même moment. Pour cela, je vais passer par la décomposition d'une marche sur place et d'une marche "normale".

1) De la marche sur place à la marche

Vous pourrez voir les vidéos en fin de page. Pour des raisons pratiques, elles ont été faites avec un seul élève, en fin de séance, qui a refait les exercices.

La marche sur place est le type même de l'éducatif, c'est quelque chose qui ne se fait absolument pas en assaut. En supprimant la contrainte du déplacement vers l'avant, elle permet de mieux faire saisir que la marche commence par le soulèvement de la plante du pied avant et se termine par la pose simultanée des deux pieds.

Décomposition

"Au signal sonore, levez la plante du pied, le talon restant en contact avec le sol. Il faut absolument garder les genoux pliés, il ne faut monter sur ses jambes." (voir vidéo 1)

Nous le faisons cinq ou six fois.

"Au signal sonore, levez la pointe du pied puis levez le pied arrière et faites retomber les deux pieds au sol". Bien sûr, je fais la démonstration plusieurs fois. (voir vidéo2)

Nous la faisons cinq ou six fois.

"Maintenant, nous allons faire la moitié d'une marche. Levez la pointe du pied avant et avancez le légèrement." (vidéo 3)

Nous le faisons cinq ou six fois.

"Pour terminer, nous allons faire une marche complète. Mais attention, il faut que vos deux pieds touchent le sol en même temps à la fin de celle-ci." (vidéo 4)

Le critère de réussite est donné. Nous faisons une longueur de salle, chaque marche étant faite au signal sonore. Je leur dis que si la marche est bien exécutée, on doit entendre un seul bruit quand les pieds touchent le sol.

2) Faire le même nombre de marches.

Je demande aux élèves de se mettre au fond de la salle. "Vous allez marcher jusqu'aux lignes de mise en garde. Comptez le nombre de marches que vous ferez pour les atteindre. Ensuite, vous retournerez au fond, vous ferez le même exercice. Votre nombre de marches doit être le même."

3) Préparation à la situation de coopération

Les élèves sont deux par deux, face à face, sans fleuret et sans masque. L'un marche, l'autre recule. Je leur demande deux choses :

- être synchronisés, c'est-à-dire reculer dès que son partenaire marche

- faire des marches telles que l'on les a vues lors des fondamentaux, en reposant les deux pieds au sol en même temps.

On fait un assaut avec contraintes : pistes courtes et droit de toucher le fer uniquement pour se défendre.

La situation de coopération

a) Jean attaque dès que la distance le lui permet. (video 5)

On reprend la situation que l'on avait vue avant les vacances. Jean se met à distance de marche et fente. Lorsqu'il marche, Pierre rompt. Quand il le voudra, sur une marche de Jean, Pierre ne reculera pas. Jean sera alors à distance de fente et portera son attaque. La difficulté est de garder la mesure en situation de déplacements. "Vous devez arriver au moins quatre fois à être à distance. Je vous rappelle les critères : ça touche, la lame est un peu pliée et le bras est allongé."

Assaut avec contraintes.

b) Jean va maintenant être attaqué sur sa marche et devra se défendre (video 6)

Pour la séance d'aujourd'hui, je vais supprimer toute incertitude. Je vais demander à Jean de se mettre à distance de marche et fente. Dès qu'il va marcher, Pierre va l'attaquer et il devra parer et riposter. "A distance de marche et fente, l'un va faire une marche. Dès qu'il lève le pied pour se déplacer, l'autre doit l'attaquer. Bien sûr, il faudra faire parade riposte." J'insiste à nouveau sur l'importance de la distance. Lors de la réalisation de l'exercice, je vais insister sur la synchronisation qui n'est pas simple. Dans l'idéal, Pierre doit attaquer dès le départ du pied de Jean. Au début, l'action offensive va se fait le plus souvent lors de la fin de la marche. Les débutants ont un temps de réaction plus long, c'est normal.

Pour cette situation sans incertitude, cela ne les empêchera pas de réussir si l'attaque ne part pas au bon moment. Par contre, la semaine prochaine, lorsque nous arriverons à la dernière situation, ce sera plus gênant.

Assaut avec contraintes et fin.

VIDEO 1

VIDEO 2

VIDEO 3

VIDEO 4

VIDEO 5

VIDEO 6

Rédigé par Première année d'escrime

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