06ème séance, samedi 20 octobre : étude de la parade riposte (renforcement), jeu d'opposition sur la parade riposte et situation de coopération : rattraper la distance et attaquer.

6ème séance

Fondamentaux

Les élèves partent de la position de garde. Je leur demande de piétiner sur place. C'est un exercice qui permet de travailler l'équilibre du buste en étant en mouvement ainsi que la reprise rapide des appuis au sol, c'est-à-dire apprendre à ne pas lever les pieds trop haut lorsqu'ils auront à se déplacer. Au signal sonore, ils doivent rapidement s'immobiliser, les pieds en équerre et les genoux pliés. Les consignes sont de lever les pieds le moins possible et de ne surtout pas basculer le buste. Ils doivent rester droits "comme la Tour Eiffel". Ensuite, je fais varier le rythme. Avec un fleuret, si je tape lentement au sol avec le pommeau, les piétinements doivent être lents, si j'accélère, ils doivent suivre la cadence. Evidemment, s'ils le font plus vite, les défauts cités plus haut vont ressortir...mais c'est une bonne chose, car cela va me permettre de réguler leurs mouvements en rappelant les critères de réussite (buste droit et ne pas lever les pieds trop haut) en leur demandant de se maitriser. Il faut sutout éviter que l'élève tombe dans l'excitation et ne fasse plus attention à ses gestes. Après, je demande à ce que les élèves retombent en garde lorsque j'arrête de marquer le rythme avec le fleuret. Ensuite, Je fais enchaîner l'arrêt des piétinements avec une marche. Cela leur impose de bien reprendre leurs appuis avant de faire un déplacement.

On revient ensuite à des choses plus basiques, marches, retraites attaques. Cela nous permet de revoir l'équilibre du buste pour l'attaque.

Jeu d'opposition sur la parade riposte.

Rappel des règles

Ce sera le fil rouge de la séance. Il n'y aura pas d'assauts libres aujourd'hui. Cette situation viendra entrecouper les exercices de coopération que nous ferons aujourd'hui.

Si l'on fait un récapitulatif des termes d'escrime qu'ils connaissent jusqu'à présent, nous avons :

- l'attaque (il n'est pas encore question de différencier le coup droit du dégagement, l'attaque simple de l'attaque composée, etc.)

- la parade

- la riposte

Avec cela, ils peuvent déjà faire un match en respectant les règles du fleuret et produire de l'échange.

La situation d'opposition ne leur est pas inconnue, puisqu'elle reprend les mêmes conditions du jeu de la séance 4, mais on va cette fois-ci ajouter un élément.

Je regroupe les élèves. Je demande à l'un d'entre eux de venir. Je lui demande d'attaquer, je fais une contre-attaque. Je demande :"qui a le point ?" "lui, car il a attaqué". Même situation mais cette fois-ci, je fais une parade riposte : "qui a le point ?" "toi, car tu t'es défendu". "Comment s'appelle le geste que je fais quand je me défends ?" "la parade" "et quand je vais toucher ?" "la riposte". Ils se souvenaient des termes et étaient capables de différencier la parade de la riposte. J'aime bien ensuite poser cette question : "Est-ce que je peux faire une parade sans riposte ?". Certains disent oui, d'autre non. "Bien sûr que je peux faire une parade sans riposte, mais ce n'est pas intéressant. Quand je pare, j'annule l'attaque de l'autre et je dois vite en profiter pour aller toucher, sinon ce sera trop tard."

"Dernière chose, si mon attaque est parée et que mon adversaire riposte, qu'est-ce que je peux faire ?" "encore une parade !"

"Alors s'il se passe ça, qui a le point ?" (je montre une situation de contre-riposte, je fais une remise après la dernière contre-riposte de l'élève) "lui, car il a paré en dernier".

La logique de l'échange, en soi, n'est pas difficile à comprendre. Celui qui attaque en premier a raison, il faut parer pour reprendre la priorité et en cas d'échange, le dernier à s'être défendu a raison (s'il touche, bien sûr). Après, l'attribution du point lors du match peut parfois être plus complexe. Mais il faut bien commencer par poser les règles du jeu.

Le jeu d'opposition

Pour favoriser l'échange, il vaut mieux des pistes courtes. Je reprends les conditions du jeu d'opposition de la séance 4, mais cette fois-ci, je supprime les traits qu'ils ne devaient pas dépasser avec le pied arrière devant les obliger à se fendre. En revanche, je garde les deux autres traits, distants de 5 mètres environ, qui servent de lignes de fond. L'espace ainsi réduit doit inciter les tireurs à produire le plus possible d'actions de type attaque-défense. Effectivement, les deux tireurs peuvent se retrouver acculés rapidement à leur ligne de fond, n'ayant plus comme moyen de défense que la parade ou attaquer l'adversaire.

J'explique les règles du combat, la piste courte, etc. "Attention, contrairement à la séance précédente, vous aurez le droit de frapper le fer de l'adversaire, MAIS UNIQUEMENT POUR VOUS DEFENDRE...VOUS NE POUVEZ PAS TOUCHER LE FER DE L'AUTRE S'IL NE VOUS ATTAQUE PAS".

Epurer le jeu est un moyen de supprimer les mouvements parasites (notamment les battements intempestifs) qui pourraient rendre la phrase d'arme trop difficile à lire. Cela leur permet d'attribuer le point avec plus de facilité, en appliquant les règles de la convention. Lorsque les combats sont lancés, je passe entre les tireurs et dès qu'une touche est marquée, je leur demande "à qui est le point ?" Je régule aussi les gestes en demandant l'application des consignes : certains auront encore le réflexe de frapper le fer adverse de manière non justifiée. Effectivement, cela rassure toujours le débutant de taper la lame adverse, lui donnant ainsi la fausse impression de la maitriser ou d'écarter un danger.

Attention, il ne faut pas demander aux élèves de tout comprendre tout de suite. L'âge joue un rôle important. Un pupille deuxième année assimilera plus vite les règles de la convention qu'un poussin 1ère année. A ce sujet, voici un petit exemple d'une bonne intention pédagogique mal interprétée par deux des plus jeunes élèves. Cette année, ça m'a pris comme ça, j'ai décidé de dire que la parade annule l'attaque adverse. Je trouvais l'image intéressante. Mais au cours de la situation d'opposition, j'en vois un parer sans riposter, se prendre une remise et ne pas arrêter le combat. Je lui dit : "mais tu es touché, il faut stopper le match !" Et là, il me répond : "mais non, puisque ma parade à annulé son attaque, il compte pas le point !" Eh oui, c'est très logique. Et il a bien eu raison de dire cela car le mot pouvait être interprété de plusieurs manières et finalement n'était peut être pas adapté. Au moins cela aura été l'occasion de clarifier cette situation : la parade "annule" l'attaque adverse mais elle doit être suivie d'une risposte immédiate pour reprendre la priorité.

Je n'ai pu faire que peu de vidéos de cette situation, la batterie du caméscope m'ayant lâché (je penserai à la recharger la prochaine fois!). Toutefois, l'une d'entre elles est assez intéressante car elle montre que, sans que l'on en ait parlé, certains élèves comprennent assez vite que la parade est comme une porte qui se ferme mais qui en ouvre une autre, et qu'il est intéressant de piéger l'adversaire pour le faire réagir et essayer d'en tirer partie (même si le tireur, sur la vidéo, ne va pas au bout de son idée et finit par se prendre la touche). Cette tactique leur apparait d'autant plus évidente qu'ils n'ont pas le droit de balancer un grand coup sur le fer pensant (à tort) l'écarter.

L'étude de la parade riposte : renforcement

Voila un autre moyen d'organiser le travail : deux qui font l'exercice de coopération et un troisième qui observe. Il s'agit de la même situation que la semaine dernière mais, cette fois, un observateur va remplir une petite fiche afin de valider les critères de réussite de la parade riposte.

Voici la fiche :

La parade riposte

La pointe reste haute lors de la parade : bien - moyen - non

La riposte se fait sans bouger les jambes : oui - non

La riposte touche : oui - oui, mais non valable - non

L'attaquant a droit à une fente pour prendre sa distance, puis il fait quatre attaques. Son partenaire fait quatre parades-ripostes. Le travail de l'observateur est d'entourer les appréciations. Le défenseur a droit à trois essais au cours desquels l'observateur peut lui donner des informations pour corriger tel ou tel défaut. C'est le quatrième qui doit être pris en compte pour la notation sur la fiche.

Cette fiche n'est qu'un prétexte pour fixer les critères de réussite dans l'esprit des débutants. Le défenseur va faire plus attention car il est observé; l'observateur et aussi l'attaquant vont peut-être voir des défauts chez celui qui fait la parade qu'ils essaieront de ne pas reproduire lorsqu'ils seront observés à leur tour.

Il faut être rigoureux sur le fait que la riposte doit toucher. Toucher c'est "piquer avec la pointe et plier un peu la lame". En effet, un débutant pourrait se contenter d'une action pointe plaquée. De plus, et c'est le seul reproche que je ferais aux kits escrime : la lame noire, la mouche noire sur la veste noire : on ne voit rien du tout.

Jeu d'opposition vu ci-dessus (2ème)

Situation de coopération : rattraper la distance et toucher.

C'est un exercice avec incertitude sur la distance. A distance de marche + fente, l'attaquant marche, le partenaire choisit de reculer ou non. S'il choisit la retraite, l'attaquant doit encore faire une marche; s'il prend l'option de ne pas bouger, l'attaquant se retrouve alors à la bonne distance et peut porter son offensive par coup droit. C'est une situation qui permet de travailler le traitement de l'information, elle a aussi pour avantage de donner au partenaire qui va se faire toucher un rôle actif : il a des choix à faire, il n'est plus seulement une cible. Cependant, je crois que je l'ai placée un peu tôt et oublié sa complexité. Au final, cet exercice n'a pas vraiment été réussi. On verra pourquoi.

Je regroupe les élèves. Je demande à l'un d'eux de venir. "Tu dois me toucher avec une marche et une fente, c'est tout". La consigne est suivie, la distance est bonne (je savais que cet élève réussirait sans trop de problème). "Maintenant, lorsqu'il marche, qu'est-ce que je peux faire ?" "tu peux reculer" "oui, et une fois que j'aurai reculé, est-ce qu'il pourra me toucher ?" "Non, il sera encore trop loin !" "Que doit-il faire alors pour me toucher ?" "encore une marche" "oui" - il marche, je recule encore - même question, même réponse. Enfin, je prends la décision de ne pas reculer. "Et maintenant, est-ce qu'il peut me toucher ?" "oui, c'est bon". Je fais verbaliser qu'au niveau de la distance, ma retraite annule la marche de mon partenaire; la mesure reste alors la même : trop loin pour porter la touche.

J'explique bien que celui qui recule doit prendre sa décision tout de suite et effectuer sa retraite (s'il a choisi cette option) dès le commencement de la marche de son partenaire. On fait une démonstration avec deux élèves. Je demande ensuite au reste du groupe de se mettre par deux, je distribue les rôles.

Il en résulte qu'ils n'étaient pas très synchros et l'attaquant souvent trop près. Effectivement, pour réussir cet exercice, il faut déjà que les escrimeurs sachent faire des marches en gardant toujours le même écart entre les pieds. Ca se travaille lors des fondamentaux et on n'a pas encore fait un travail spécifique là-dessus. Ensuite, j'aurais dû faire un exercice préparatoire uniquement basé sur : "l'un marche, l'autre recule", quitte à le faire sans armes et sans attaque afin que les élèves soient uniquement concentrés sur la synchronisation des déplacements.

Cela aura eu au moins le mérite de poser le cadre et de faire comprendre la situation aux élèves. De plus, lors du regroupement, certains on émit l'idée que l'on pouvait attaquer sur la marche. C'est ce que nous verrons dans une prochaine séance.

Jeu d'opposition vu ci-dessus (3ème)

C'est lors de cette troisième séquence que la logique d'attaque-défense à été la plus visible lors des assauts.

La semaine prochaine, c'est les vacances. Nous reviendrons le 17 novembre.

Détail des vidéos :

Vidéo 1 :jeu d'opposition : le tireur de gauche comprend qu'il pourrait être intéressant de faire réagir défensivement l'adversaire...mais il ne va pas au bout de son idée et finit par se prendre la touche.

Vidéo 2 : jeu d'oppostion : une parade-riposte...la contre-risposte sera pour une autre fois.

Video 3 : jeu d'opposition : le fait d'imposer des contraintes d'espace et de fer (uniquement pour se défendre) rend le jeu plus lisible et les incite à plus de maitrise.

Vidéo 4 : l'étude de la parade riposte avec observateur : le quarte-dessous du gaucher.

Vidéo 5 : rattraper la distance et toucher : ce n'est pas encore totalement au point sur le plan de la distance.

VIDEO 1

VIDEO 2

VIDEO 3

VIDEO 4

VIDEO 5

Rédigé par Première année d'escrime

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